Oui je sais, Prévert se moquait de la pipe du pape Pie, mais nous ne sommes pas là pour ça!

Aujourd’hui, un pape est mort. Voila qui nous inscrit dans le temps, dans notre temps. Autrefois, on vivait et on mourait au balancier de la vie et de la mort des rois.

Les temps changent. Faute d’avoir des rois sous la main, qui reconnaissons le, nous épargnent le crime de régicides, nous pleurons ou feignons de pleurer nos papes partis.

Je me souviens de ce trois juin 1963, et des jours qui l’ont précédé. Nous étions au lendemain du dimanche de Pentecôte, mais depuis trois jours, la radio nous faisait vivre l’agonie de ce pape, un drôle de bonhomme que, du haut de mes six ans, je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam.

Tout ce que je sais, c’est que ma grand-mère pleurait à chaudes larmes en écoutant la radio et me faisait prier le bon dieu. Moi, je me disais que le bon dieu l’empercherait de mourir et que ma grand-mère se faisait du souci pour pas grand chose, mais il est mort quand même ; le bon dieu devait s”occuper d’autre chose ce jour là, peut-être s’intéressait-il au combat des noirs américains pour conquérir leurs droits civiques.

Ce jour là, j’ai compris que les papes étaient comme les rois, ils avaient un numéro, et voilà. Quelques jours plus tard, un certain Paul VI est apparu dans le poste, il n’y avait pas encore la télévision, mais comme les papes meurent, il devait être vieux et jeune à la fois vu son numéro 6, le même age que moi.

Cet homme là avait un grand nez, mais il en a eu marre de voir les curés dire la messe avec le dos tourné aux fidèles. un pape, c’est pas un chauffeur de car, il doit voir si ses fidèles prient ou font semblant, alors il s’est retourné et il a dit “Bon sang, parlez français, vous voyez bien qu’ils comprennent pas le latin!”

Ça fait plaisir de voir le curé de face, et pas à travers la grille du confessionnal.

Et puis bon, en 1978, je m’apprêtais à partir soldat quand voila que le pape décide de partir rejoindre les autres papes. Et la, surprise, un pape sans numéro, Jean Paul I. Quelle audace dans un monde où les choses se suivent dans leur ordre papal.

Ce pape là n’a pas voulu faire pape longtemps, vingt-cinq jours, et puis s’en est allé, non sans que courent des rumeurs sur cette fameuse crise cardiaque.

Witam, voila un pape polonais, un simplificateurs des numéros,  il y avait Jean-Paul I, Jean-Paul II fera l’affaire, et là patatras, on n’aime pas les communistes, on veut jouer au tennis, on aime les jeunes et on s’oppose aux théologiens de la révolution, mais on est pape un point c’est tout.

Drôle d’histoire que ce pape. j’étais à Bucarest en avril 2005, le vendredi premier avril, j’arpentais les rues du centre ville en attendant mon avion du lundi, et j’ai remarqué des caméras de télévision devant une église, proche du centre ville. Au troisième passage, je décidais d’entrer et je tombais nez a nez avec une photo géante du pape entourée de fidèles en pleurs. Des orthodoxes qui prient pour un pape catholique, ça se fait, ça peut se faire, c’est en tout cas ce que j’ai dit au journaliste qui m’a sauté dessus. Ce bougre de bonhomme m’a pris pour un ecclésiastique parceque je m’appelais Lévêque!

Puis viendra l’austère Benoit XVI qui, à la différence des autres papes, et, soulignons le, de la juge Ruth Bader Ginsburg à la cour suprême des états unis, démissionnera ; son entêtement à se maintenir a ouvert un boulevard au président Trump pour installer des juges ultra conservateurs. Mais les papes et les juges de la cour suprème américaine n’ont en commun que leur age.

Et voila François, l’homme qui aimait les oiseaux, les gens, la nature, les pauvres et les migrants.

Un grand pape qui vient de s’éteindre, et je me dis que les lendemains ne vont pas sourire, et j’ai beau compter et recompter, j’ai connu six papes dans ma vie!