Catégorie : Dormir debout

Ah le silence, après ce rappel de son omniprésence face aux violences faites aux plus fragiles d’entre nous, je devrais me réfugier auprès de lui, mais je ne peux pas m’empêcher de sortir cet élément du monde des symboles pour le suivre dans les pas feutrés de quelques philosophes et poètes qui l’ont évoqué ou se sont purifiés aux sources de ses eaux.

Il y a le silence que l’on fait en soi pour réfléchir, avant toute parole, le silence que l’on fait pour écrire, le silence support de l’écoute qui fait exister la parole de l’autre. Continue reading →

Voila

C’est le monde comme ça, le monde de l’autre coté, le changement de bord. C’est tout juste ce qui te dépasse, le reflet de toi.

Si tu regardes bien, tu vois qu’il y a deux mondes.
Un monde à l’endroit où tout est dans l’ordre, l’ordre des choses de monsieur tout le monde, tu sais bien, le mari de madame tout le monde ; celui qui a les pieds sur terre et ne perd pas les pédales de son vélo plein de watts. Continue reading →

Le temps qui passe passe
avec sa corde fait des nœuds.
mais où sont ceux là qui s’embrassent
sans le voir tourner autour d’eux?
Aragon n’est plus là
Le virus est passé par là
Passe par ci, passe par là
Il passe et repasse
mais qui sont les meneurs du jeu ?

C’est un vrai dîner de têtes, et chacun-e s’est fait celle qui lui plaît
pas de raisons de s’en passer !
Il y a les fortes têtes, par qui il ne passera pas
ceux que l’enjeu dépasse
ceux qui ne font que passer Continue reading →

J’ai vu cette femme, l’autre jour ; mais de là à savoir quel jour….Peut-être un vendredi si j’en juge à son regard perdu dans la fatigue d’un temps beaucoup trop lourd pour elle.

Une femme comme on en rencontre quelques fois, sans vraiment les voir au moment de les voir, et puis elles reviennent un jour dans des éclats de passé, un peu comme la bohémienne de Montréal aux yeux couleur trottoir, la gitane du Sacromonte, la jeune femme d’Agadir ou lavandière de l’Ourika , la boulangère de Pisac ou l’indienne des salines,  les femmes des couleurs ou encore cette femme qui est passée sans le voir tout près de l’homme qui a faim. Et que dire de cette chanteuse dans la nuit sans fin d’une rue de Mexico? Et puis, tu sais, une rue, c’est rien du tout.

Continue reading →

Tu sais bien que si les étoiles sont éclairées, c’est pour que chacun puisse un jour retrouver la sienne, sinon ce serait de la lumière perdue.

Quand il est perdu, l’homme cherche une lumière, et si la lumière est perdue elle aussi, l’homme se perd encore plus et cherche toujours plus de lumières.

Donc, les étoiles brillent toujours pour quelqu’un, un marchand de savon, un conducteur de train ou un enfant aux cheveux clairs semés d’épis de blés.

Les étoiles ne sont pas jalouses, elles brillent pour tout le monde, même pour les enfants qui sont dans la lune. Continue reading →

Il disait : Tu vois, la nuit ça existe pas, c’est une illusion. C’est juste une histoire d’ampoule ou de veilleuse.

En plein jour, pas besoin de lune puisque le lum est allumé pleins feux.

Le lum, c’est la lumière de nos grands-pères occitans, c’est valable pour la soleil de plein lum comme pour la lune de petit lum. Continue reading →

Les couleurs du monde, c’est trois fois rien, c’est juste une palette qui s’étale quelque part.

Les couleurs, c’est comme un paysage ou une idée, ça se manifeste ici ou là, à un moment donné, et puis ça change pour se figer, s’effacer ou ne jamais revenir.

Les couleurs, ça ne vient de nulle part, ça traverse les couloirs du temps et ça repart comme c’est venu, en faisant miroiter des lambeaux de lumière. Continue reading →

Il y a ceux qui font de la musique, qui écaillent le poisson, qui vont au travail en vélo, qui écrivent des histoires.

Ceux qui travaillent encore dans les mines qu’on a fermées parce qu’ils toussent le matin.

Il y  a ceux qui prennent deux fois du fromage, comme ça, parce que c’est le moment de le faire.

Il y a ceux qui embrassent les arbres, parce que c’est plus facile que d’embrasser du monde. Continue reading →

Jeux de mains, jeux de vilains!” Voila l’arme fatale des grands mères pour gagner la tranquillité de leurs petits bambins, et les préparer à une chasteté à venir dès lors que leurs mains s’enhardiront à vouloir explorer les rondeurs de la vie.

C’est pourtant beau une main, ça résume en quelque sorte une personne, c’est son ambassadeur, son prolongement, le miroir de son âme. Continue reading →

Quel est ce vacarme dans un matin si calme ? Que fait cet cosmonaute d’opérette sur ce monstre de métal qui crache dans le petit du jour un nuage pestilentiel ?

D’où vient tant de violence de la part de ceux qui sont sensés protéger les fleurs des fruitiers d’où nous tirons notre précieuse nourriture ? Continue reading →

Il est important de faire le point sur un sujet que l’on aurait tendance à mettre trop souvent entre parenthèses.

Cette mise au point tombe à point, elle était nécessaire pour rendre aux signes toute leur vigueur.

Qu’est-il de plus divers qu’un point ? Un point ; c’est tout. Continue reading →

Il ramasse les mots comme les autres ramassent des champignons ou des framboises, un après l’autre, en douceur ;  pour ne rien laisser perdre.

Il le dit à qui veut l’entendre, il se tue presque à le leur dire, mais il garde encore un peu de place dans son panier, un peu de place pour les mots avenir.

Il dit que les gens ne savent plus cueillir les mots, les mettre cote à cote pour faire chanter la vie.

Continue reading →

Ça vient, c’est juste là à un moment.

Ça donne corps aux choses parce que ça les marque. C’est le moment où le temps ne passe plus, où il se pose et nous farde de son poids.

C’est comme un arc en ciel, ça apparait au mauvais moment, au moment de croisement de la lumière et du temps, à tel point qu’on ne sait plus si on voulait voir s’en aller la pluie. Continue reading →

Ah le silence, qu’il est difficile de  le suivre dans les pas feutrés de quelques philosophes et poètes qui l’ont évoqué ou se sont purifiés aux sources de ses eaux.

Il y a le silence que l’on fait en soi pour réfléchir, avant toute parole, le silence que l’on fait pour écrire, le silence support de l’écoute qui fait exister la parole de l’autre. Continue reading →

C’est pas grand chose, juste un peu de temps qui passe comme ça en espérant la  sonnerie sourde et rocailleuse qui viendra d’un moment à l’autre.

C’est tout à faite ça, une sonnerie sourde, comme si celui qui la provoque avait voulu glisser des feuilles de papier entre le timbre et le marteau.

Une façon comme une autre de rappeler que le téléphone a peu à peu remplacé les timbres et le papier dans le périple des mots.

Des coups de fil qui ne tiennent qu’à un fil ; un fil fragile qui serpente dans les méandres des vallées pour atteindre les sommets.

Continue reading →

Au commencement étaient les ténèbres et l’obscurité, bien entendu. Le coté obscur de l’humanité où l’homme se trouvait seul face à son ignorance.

Un homme brut et qui n’y voyait rien, un homme barbare et mal dégrossi, incapable d’utiliser le moindre outil puisqu’il en ignorait l’existence, tel un aveugle de Baudelaire recherchant dans un ciel invisible la lumière qui le fuyait. Puis vint la lumière. Continue reading →

A vrai dire, il ne pleut pas encore, mais c’est tout comme. C’est juste manière de prendre un peu d’avance sur le temps, pour autant qu’on puisse le dépasser bien sur.

Les hommes sont étranges, ils courent toujours après le temps comme s’ils couraient après l’absurdité de l’être, mais même en un siècle ils auront beau faire, ils ne feront jamais mieux que le cheval de l’enfant grec qui ressemble au couchant d’automne dans son inexorable ennui et qui, quoi qu’il en soit, mettra toujours au triple galop cent ans à sortir de son ombre ; et encore cent ans à la rattraper. Continue reading →

Ma main à couper que je suis un hêtre de parole, et je vais tout vous raconter.

Tout a commencé il y a un siècle dans le travers de Parry.

Le travers, c’est beaucoup dire, c’est plutôt une pente douce qui descend vers le petit ruisseau en contrebas du vallon ombragé.

D’ailleurs, si la vallée est ombragée, j’y suis pour quelque chose et je n’y fais pas que de l’ombre ; mais vous n’y voyez rien vous qui ne savez pas différencier un vallon d’une vallée, un pré d’une prairie, une source d’un ruisseau ou un bois d’une foret. Continue reading →

gareIl y a des gens qui croient qu’une gare, c’est tout un entrelacs de voies et de quais, de passages et de sémaphores, de hauts parleurs et de bancs où ceux qui attendent de partir regardent arriver ceux qui  viennent d’ailleurs.

C’est comme ça. Pour le monde, les gares c’est des va et vient de voyageurs qui voyagent et de badauds qui les attendent dans le ballet incessant de ceux qui vont et viennent au gré des arrivées et des départs. Continue reading →

vieux2Il parle comme il marche, ou peut-être tout simplement il marche comme il parle ; seul.

On le voit souvent passer avec son bâton, son béret noir et son bleu de travail ;  on l’entend venir d’assez loin. Au début, ça fait des morceaux de mots qui résonnent dans les murs et puis arrivent avec le vent. Ça vient de loin, comme une voiture loin sur le chemin, mais c’est pas comme un moteur qui tourne rond et qui s’approche ; là c’est pas régulier.

Il y a des mots, puis des silences. Des mots plus fort que les autres, et puis quelque fois des souffles et des “Aïe Aïe Aïe!Continue reading →

une orangeIl y a tant et tant de lieux, de temps et du supports pour écrire. Des murs, des tables, des feuilles, des toiles et des bancs.

Les mots se posent facilement, comme des vagabonds fatigués de se perdre sur des chemin qui ne mènent nulle part.

Il suffit juste de leur donner à boire et une chaise où s’asseoir, un peu d’encre et quelques couleurs, et les mots reprennent leur forces pour faire leur chemin dans la tête des enfants. Continue reading →

moonTu vois la haut, si tu regardes bien le pli de l’œil, le nez et surtout la pommette, tu vois bien qu’il y a un bonhomme qui se tient dedans.

Il faut voir aussi le chapeau, une drôle de casquette,un béret rabiciné ou peut-être les cheveux qui ont pris un coup de vent, mais en tout cas il a bien un quelqu’un la haut ; c’est Jean de la lune.

Continue reading →