La fête des lumières.

Il disait : Tu vois, la nuit ça existe pas, c’est une illusion. C’est juste une histoire d’ampoule ou de veilleuse.

En plein jour, pas besoin de lune puisque le lum est allumé pleins feux.

Le lum, c’est la lumière de nos grands-pères occitans, c’est valable pour la soleil de plein lum comme pour la lune de petit lum.

Tout est question d’allumage, mais ça pose la question des ombres…les anciens disaient qu’une grande ombre ne peut être produite que par une grande lumière.

Or la grande lumière vient au plus fort du soleil, et tout le monde sait que le soleil produit les ombres mais ne les voit jamais.

Il donne forme à toute chose en produisant des ombres qui abritent les hommes de ses rayons.

L’ombre originelle fait naître la lumière qui la fait disparaître à son tour pour créer d’autres ombres qui, à leur tour, affaibliront la lumière.

C’est la ronde de jour.

C’est la ronde des femmes et des hommes qui font de l’ombre en cherchant la lumière.

Tu connais l’histoire du tuba, cet arbre si grand, qu’un cheval au galop met, toujours en courant cent ans à sortir de son ombre ?

La ronde de nuit, c’est le contraire…

Je te parle pas là de ce petit garçon qui courait dans les bois sous la lumière de lune en se disant que comme la nuit est le contraire du jour, peut-être qu’il pourrait voir son ombre courir debout tandis que lui glisserait ventre à terre sur les cimes des fougères.

Je te parle pas non plus la femme de bois qui respire, celle qui est sortie d’un tilleul et poursuit son ombre au clair de lune. On dit que c’est la faute du berger qui l’avait sculptée dans le tronc, elle lui avait demandé de lui laisser quelque temps pour se voiler, parce qu’elle était toute nue, mais lui s’est retourné trop vite. Elle ne voulait pas qu’il la voit en tenue d’Eve alors qu’il l’avait modelée de ses propres mains. Vas y comprendre quelque chose toi….

De toute façon, ces deux là, il peuvent courir tant qu’ils veulent au triple galop, comme le cheval de Victor Hugo, ils mettront plus de cent ans à sortir de leur ombre et autre cent ans à la distancer.

Je te parle pas de la lune mercrude, celle qui est comme les femmes barbues bien assez vue tous les cents ans, celle là, elle déchire des lambeaux de nuit et les fait tomber en cristaux de givre sur la terre.

C’est fou comme la lune est féminine, elle est pleine, elle est rousse, elle est nouvelle, elle est gibbeuse quand elle cherche des histoires, et quand tu crois enfin que tu commences à la comprendre, elle s’éclipse ou elle t’apparaît en plein milieu du jour…

Mais c’est pas le sujet.

L’autre nuit, la lune dansait dans les branches d’un buisson mort. On aurait un œil qui scrutait un bout de terre et ça faisait un sacré bazar de bon soir.

C’est fou ce que la nuit fait du bruit, c’est un peu comme l’univers. La nature a horreur du vide, et encore plus du silence. La nuit est une cacophonie, un capharnaüm de bruits qui viennent de nulle part.

Tout fait du bruit, les animaux, les toits des maisons qui dorment, les bois, les sources, les feuilles, les insectes, le givre, et même le brouillard, même s’il préfère se mêler au bazar du matin ; le brouillard, c’est autre chose et on parlera quand on verra plus clair dans cette histoire….

En attendant, on dirait que le nuit compense la lumière par le bruit ; tout ça se mélange et il faut être attentif pour ne rien perdre parce que sur  les rayons de la vie, qui ne voit qu’une lumière n’entend qu’un souffle.

Et la prochaine fois, on parlera des étoiles, mais là il y a à dire…

 

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