Escapade à Sainte Catherine
Posted on 5 août 2015 in C'est la vie
Parmi les curiosités de Montréal, les guides touristiques ne manquent pas de recommander une visite au “village.”
Cette portion de l’avenue Sainte Catherine comprise entre le boulevard Papineau et la rue Berri y est présentée comme le quartier gay de Montréal.
Sitôt tourné l’angle de la rue Berri, la couleur est annoncée, des guirlandes roses recouvrent la totalité de l’avenue, drapeaux multicolores, salons de coiffure,bars et sex shop s’y succèdent des deux cotés avec une régularité surprenante.
Pourquoi les guides touristiques ont-il ainsi caractérisé une rue? La question reste posée, mais le résultat de ce choix n’est peut-être pas à la hauteur des attentes de chacun.
Les touristes arpentent l’avenue pour reluquer les “curiosités” qui sont attablées aux terrasses des cafés tandis que des couples désireux d’afficher ostensiblement leur appartenance à la communauté gay la ridiculisent tout simplement. Le spectacle est désolant de part et d’autre de la frontière des pratiques.
Ce quartier, qui est aussi appelé “quartier des spectacles”, abrite des expositions d’art de rue. Sur le mur est d’un ancien casino, une fresque gigantesque de la comédia del arte attire le regard.
D’autres œuvres d’art agrémentent la promenade et quelques petits dépanneurs nichés entre les cafés et les salons de coiffure continuent de rendre leurs services aux passants.
Deux “filles” se disputent à l’angle d’une ruelle, l’une d’elle en culotte fouille furieusement le sac à dos pour en extraire une jupe de rechange tandis que la foule s’agglutine autour du spectacle impromptu.
Quelques mètres plus loin, une terrasse de café est bondée d’hommes de tous ages impeccablement coiffés. Pas une seule femme en vue ici…
A l’angle d’une ruelle, un piano est là, offert aux doigts des passants désireux de caresser le nacre de ses touches. Il est un peu de guingois et personne ne semble remarquer sa présence.
Un peu plus loin, une boutique au nom du dieu grec de la fertilité s’annonce aussi ouverte aux femmes qu’aux hommes, mais das cette rue, les couples de femmes sont plus discrets, moins démonstratifs.
Plus loin, des chiffons enroulés autour de trois mats à l’ange d’un petit square flottent au vent. Ces foulards sont là pour rappeler la mémoire d’autant de jeunes femmes et de jeunes hommes emportés par la terrible maladie.
Voila la rue Berri, finies les guirlandes, les salons de massage aux noms évocateurs et les terrasses bariolées.
L’escapade au village est terminée. Place aux autres rues, aux autres quartiers, ceux des riches, ceux des pauvres, ceux des juifs, des chinois ou des italiens.
S’il faut caractériser les rues et les quartiers en fonction des populations qui les peuplent, je ne comprends toujours pas pourquoi cette rue est présentée comme une “curiosité”
Montréal, aout 2015