Ciao Christian

Christian, c’est toute notre jeunesse de musiciens, une aventure partagée avec ses moments de joie et parfois de fatigue dans les longues soirées d’hiver.

Ban ban c’est des souvenirs, souvenirs d’un batteur capable d’embardées au beau milieu d’un morceau sous le regard courroucé de Didier ou d’Antoine, tandis que j’essayais tant bien que mal à reprendre le rythme que ce roulement inattendu m’avais fait perdre.

Voila maintenant Christian  installé dans le monde des souvenirs, ce monde que nous, mortels, nous partageons dans le douceur de ces moments passés à ses côtés, comme d’ailleurs, et il saura nous  le pardonner, ces moments où nous sommes passés à coté de lui sans partager assez de temps, on s’aperçoit toujours un jour qu’il est trop tard pour un trop tôt quand on trébuche sur la justesse du temps.

Les souvenirs foisonnent, envahissent nos têtes. Quand un ami s’en va, le passé revient à la lumière des souvenirs.

Souvenirs de voyages, de fêtes champêtres interminables où tu te  donnais sans compter, souvenirs d’escapades à cheval. Mais je divague, je perds pied, je perds le rythme!  Pourquoi parler au passé? Christian, tu es toujours là, dans nos cœurs qui sont les véritables tombeaux de ceux qui sont passés du sommeil qui apaise à celui qui délivre.

Alors oui Christian, tu as été un pilier des festivals Jazz BD de Marvejols et de Chanac, et pour cela, pour tous ceux qui ont passé de bien jolis moments dans ces soirées, en leur nom à toutes et à tous, je te dis merci et bon voyage dans ton exploration du monde du silence.

Ah, le silence ;  c’est un message de l’ombre, une question posée à la question, une improbable promenade dans ce monde où l’on entend parfois errer l’âme du bruit.

Il y a aussi le silence de la nuit, l’heure du épart, l’heure du loup…C’est fou ce que la nuit fait du bruit, c’est un peu comme l’univers.

La nuit est une cacophonie, un capharnaüm de bruits qui viennent de nulle part. Tout fait du bruit pour donner corps à ce silence, les animaux, les toits des maisons qui dorment, les bois, les sources, les feuilles, les insectes, le givre, le brouillard, la foret, les arbres qui poussent.

Et puis ces sons venus de loin d’un orchestre qui pleure son batteur…

Le silence, ce mystérieux complice du bruit qui nous nourrit de son discours qui ne consiste pas à fermer la bouche ;  au contraire. Il nous libère de l’asservissement des mots en nous laissant le conquérir, et comme le disait Musset, notre bouche garde le silence pour écouteur parler nos cœurs…

Le silence, c’est la dernière richesse des malheureux, le défi à la vie de ceux qui souffrent avec lui. Rappelons nous de la mort du Loup d’Alfred de Vigny. « A voir ce que l’on fut sur terre, et ce qu’on laisse…. ».

Le silence, c’est le dernier acte d’amour de la veuve du pêcheur, qui, sentant les ailes de mort se déployer sur elle se déshabille sans bruit pour ne pas réveiller ses deux petits enfant endormis et les protéger du froid en les couvrant de sa mante et de sa robe afin qu’ils eussent chaud pendant qu’elle aurait froid .

Pour Mozart, le silence est aussi important que la note. En souvenir de ces temps déraisonnables parsemés de dièses et de bémols sur la portée du temps, tu as fait le tour de la musique, tu as connu le temps de prendre une pause, tu connais maintenant le vacarme du silence.

Tu es maintenant passé du temps où le sommeil apaise pour explorer celui qui délivre, tu as en quelque sorte enjambé la promesse du temps. Ce temps passé autrefois sur les bancs de l’université de Mougadière.

En souvenir de tout cela, laisses nous maintenant nous abriter dans ses ailes couleur de nuit, mais il n’existe pas de nuit qui ne mène un jour à l’aurore.

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