Où il est question de Braïoulets et de Targuets

La rivalité des Marvejolais et des Mendois ne date pas d’hier  et ils ont eu de nombreux accrochages au cours de leur Histoire. Influence des Aragon, conversion au protestantisme face à la très catholique Mende et son comte évêque,  exactions du Duc de Joyeuse au seizième siècle qui vaudra à la ville pour sa résistance héroïque la reconnaissance d’Henri IV et un droit de tirage sur la recette de le Poule au Pot.

Marvejols a toujours été frondeuse face au pouvoir Mendois et il a suffi que l’administration Napoléonienne s’en mêle pour mettre le feu aux poudres.

Mais pourquoi appeler les les Marvejolais  les Targuets  et les Mendois les Braïoulets? Les premiers se seraient-ils vantés de leur résistance face à Joyeuse, et retarder ainsi son avance pour affronter Henri de Navarre? Rien n’est moins sur.

On dit que Mende était entourée de fossés, dits “brayos” et que ses habitants s’abritaient derrière.

Il n’y a pas à priori de raisons de douter de ces explications, mais j’en tiens une autre d’un ami marvejolais que j’aimais beaucoup  et dont je tairai le nom par peur que se reproduise la terrible bataille qui a opposé Marvejolais et Mendois…

Revenons à la légende .

Il était une fois une bande de Mendois qui s’étaient mis en tête d’organiser une expédition punitive en direction des Marvejolais. On allait voir ce qu’on allait voir et leur mettre une belle raclée.

L’expédition se prépare dans le plus grand secret, mais il arrive souvent que les batailles ne se déroulent pas comme prévu, soit du fait d’un phénomène naturel imprévu, en tout cas par l’un des deux belligérants (Le soleil d’Austerlitz), soit le fait d’une trahison (Le défile des Thermophiles ). Notre histoire se situe dans la logique du drame spartiate.

Ayant fixé un jour et un plan d’action dans le plus grand secret, les Mendois, surs de leur fait, choisirent le chemin le plus court par le col de Goudard, mais  le (ou la) traitre avait, si l’on peut dire, vendu la mèche.

Les  Marvejolais qui avaient en mémoire  les ruses de Du Guesclin à la croix des anglais sont allés s’embusquer en bas de Goudard, probablement près du Pont des Écureuils.

Les Mendois s’engagèrent pour traverser le Coulagnet et ce qui devait arriver arriva, l’effet de surprise jouant à plein, les Marvejolais s’en saisirent, les rouèrent de coups, leur quittèrent les braïlles et leur conseillèrent de rejoindre au plus vite la bonne ville de Mende avant que fiers de leur victoire ils ne se décident à mettre une deuxième tournée, histoire de leur donner un peu d’élan.

Confus et honteux, les braves “sans culottes” s’en retournèrent penauds vers leur ville en se cachant du mieux possible et se gardèrent bien de raconter leur aventure, jurant, mais un peu tard, qu’on ne les y prendrait plus.

C’était compter sans la gouaille et la vantardise des Marvejolais qui se vantèrent tant et tant de leur exploit qu’on les surnomma sur le champ “Les Targuets” tandis que les pauvres Mendois se voyaient affubler le surnom de “braïoulets”, l’appellation de “sans culottes” ayant été protégée du temps de la révolution.

Depuis, on a crée le Marvejols – Mende et on ne sait pas si la mémoire génétique pousse les concurrents Mendois à se retourner en passant le Pont des Écureuils, mais habituellement à ce point de la course, une inscription sur la route précise “Ici commence l’enfer“.

Voila, je tiens à préciser que le Marvejolais qui m’a confié cette légende était un érudit dont je ne saurais remettre la parole en question. Pour ma part, je tiens à préciser aux lecteurs des deux camps que j’habite dans un lieu très retiré et accessible uniquement en plein jour par hélicoptère ; On n’est jamais trop prudents…

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