Aujourd’hui, le matin n’en finit pas de venir.
Le matin cossard prend tout son temps dans la bascule du temps.
Le brouillard indolent s’étire à l’infini des Causses, inonde les vallées, camoufle les chemins, caresse les collines, effleure les dolines, engloutit les murets, se vautre sur les combes.

Le pays mousse de lumière.

Un beau matin du monde qui fait venir le jour.Ce matin, le temps est à la vie.
Le silence est assourdissant, comme un coup de tonnerre inversé qui claque les vallées.
Tout ici n’est que sans bruit.
Pas d’hommes, pas de bruits.
Le bruit s’est assoupi
dans les arcanes de la nuit.
Tout est ici en place, juste à sa place, sa juste place.
La neple s’accroche à sa terre comme un lierre entremêlé aux branches d’un noyer. La brume nourricière borde la terre avec amour.

Sous sa couette de coton qui s’étire, ondule, se froisse et se déplie,
ce matin,
le causse fait son lit dans la pension de la vie.

Dans la lumière crue qui perle les buissons
l’araignée funambule prend son temps
le temps de voir venir.

Guirlande rayonnante filée par Clotho sur la toile irisée,
un fil gorgé de lumière relie deux branches de genévrier,
étiré  patiemment dans la carrière de la nuit.

C’est un petit matin du monde.