Que sont les héros devenus?

Il y a quatre vingt ans et des poussières de vie.

Quatre vingt ans, à l’échelle d’une vie humaine, c’est presque le temps de l’oubli. Le temps qu’il faut à la poussière pour effacer les souvenirs.

Et pourtant…

9394 jeunes hommes et femmes reposent au cimetière américain d’Omaha beach, plus de 1900 d’entre eux n’ont jamais été retrouvés, emportés par la furie des flots de juin et la furie meurtrière d’idéologues de la mort.

Qui étaient-ils vraiment? Ont-il eu peur au moment de débarquer? Quelle a été leur dernière pensée? leur dernier cri?
On ne le saura jamais.

A quoi pense cette femme qui erre au milieu des milliers de sépultures? Aux chrétiens, aux protestants? aux juifs, aux musulmans? aux athées? aux francs-maçons?

Au non sens de  tout ce sang mêlé dans la boisseau broyeur de vies.

Il est des lieux et des moments où les larmes montent comme des vagues qui se fracassent et se confondent avec le bruit des rails qui mènent vers la mort.

Perdu dans l’immensité des tombes, une histoire de vie et de mort tournait en boucle dans ma tête.  Celle de Janusz Korczak.

Bien sur, c’est un drôle de bonhomme.
Un bonhomme qui s’était mis dans la tête de s’occuper des enfants, et surtout des orphelins, alors il a monté un orphelinat, puis s’est retrouvé avec les petits dans la ghetto de Varsovie.

Tu connais la suite de cette histoire, le ghetto, la famine les maladies, la violence, les chiens.

Janusz était là, optimistes, pédiatre de l’absolu qui accompagnait les enfants dans la souffrance d’un quotidien sans avenir, et puis la mort.

L’histoire a son implacable logique, on a déporté les enfants à Treblinka, et le médecin les a suivi pour continuer à les soigner, les aider,les accompagner, les rassurer.

Un  jour d’aout 1942, il y a tout juste 82 ans aujourd’hui, les nazis ont emmené deux-cent petits enfants dans une chambre à gaz, Janusz a insisté pour les accompagner, pour qu’ils n’aient pas peur.
Un enfant n’a pas peur quand il est accompagné de quelqu’un qui l’aime, il a confiance parce que le docteur est là.

Tu connais l’histoire de petit ours brun qui va chez le docteur?  Il n’a pas peur, mais lui n’est pas orphelin, sa maman est la ; il a confiance.

Ce jour là, le 6 aout 1942, ce géant de l’amour a donné sa vie pour adoucir le supplice de deux cent petits enfants;

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